INCANTATOIRE, adj.
A. − (De la nature) d'une incantation. Charme, force, formule, pouvoir incantatoire. MmeP. me disait qu'il existe en sanscrit un mot (...) qui désigne à la fois certaines formules ayant valeur incantatoire et forme rythmique, et elle ajoutait qu'un mot breton (...) désigne aujourd'hui l'état de celui qui est sous un charme (Du Bos, Journal,1922, p. 148).L'historien n'est pas ce nécromant que nous imaginions, évoquant l'ombre du passé par des procédés incantatoires (Marrou, Connaiss. hist.,1954, p. 68).
B. − Relatif à l'incantation, qui relève de l'incantation. Le sorcier : ses gestes sont incantatoires et, en quelque mesure, empruntés aux sorciers que j'ai pu observer moi-même à Bali (Lifar, Traité chorégr.,1952, p. 121).−
Au fig. Qui a la force, la vertu d'une incantation. Tout spectacle contiendra un élément physique et objectif, sensible à tous. (...) resplendissement de la lumière, beauté incantatoire des voix, charme de l'harmonie (Artaud, Théâtre et son double,1938, p. 111) :Jamais art plus raffiné ne s'est approché davantage de l'art populaire. Jamais non plus la musique n'a traduit avec plus de vérité les sentiments élémentaires, la frayeur, le désir, la joie, et ne s'est faite incantatoire avec plus de puissance.
Dumesnil, Hist. théâtre lyr.,1953, p. 182.
Prononc. : [ε
̃kɑ
̃tatwa:ʀ]. Étymol. et Hist. 1886 (S. Mallarmé, Avant-dire au Traité du Verbe de R. Ghil ds
Œuvres complètes, éd. H. Mondor et G. Jean-Aubry, p. 858 : un mot total, neuf, étranger à la langue et comme incantatoire). Dér. de incantation*; suff. -oire (-oir*). Fréq. abs. littér. : 13.