INATTENTION, subst. fém.
A. − 1. Manque d'attention (vis-à-vis de quelqu'un ou de quelque chose). Synon. distraction, étourderie; anton. attention.Faute d'inattention; quelle inattention! Il a fait cette faute par inattention (Ac.). Mais mon écriture était si mauvaise et mon inattention si grande, que chaque copie était à recommencer (Constant, « Cahier rouge »,1830, p. 4).Mais quoi! Quel est mon but en ce moment, n'est-ce pas de gagner ma course? et un rien d'inattention peut me perdre (Montherl., Olymp.,1924, p. 266) :La musique attaque de l'extérieur ces âmes retranchées au plus secret de leur « château », mais le plus souvent se brise contre ce mur d'indifférence ou d'inattention.
Mauriac, Journal 2,1937, p. 128.
− [Avec un compl. introd. par de indiquant la cause] Fait de la peine sans le vouloir à quelqu'un qui m'est dévoué. Et par quelle maladresse? (...) en ne devinant pas les endroits sensitifs et endoloris de son souvenir, c'est-à-dire au fond par inattention de parole (Amiel, Journal,1866, p. 183).
2. P. méton. Acte témoignant d'un manque d'attention (vis-à-vis de quelqu'un ou de quelque chose). Synon. distraction, étourderie.Inattentions répétées. Il est certain qu'il suffisait d'un faux coup de gouvernail, de la plus petite inattention, de la plus légère négligence pour nous engloutir à jamais (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 525).Mademoiselle Fouille enseignait tout, c'est-à-dire peu de choses, mais elle l'enseignait avec une patience à la hauteur des pires inattentions (Estaunié, Ascension M. Baslèvre,1919, p. 85).
B. − Manque de considération, d'égards envers quelqu'un ou quelque chose. Anton. attention.J'avoue que si l'on s'en tient à la distribution des maux physiques et extérieurs, il y a évidemment inattention ou mauvaise foi dans l'objection qu'on en tire contre la providence (J. de Maistre, Soirées St-Pétersbourg, t. 1, 1821, p. 28).On peut déplorer que l'attachement des masses catholiques à la défense de l'ordre social et la lutte contre les éléments révolutionnaires aient trop souvent coïncidé avec (...) une terrifiante inattention aux prescriptions de Léon XIII (Maritain, Primauté spirit.,1927, p. 207).
Prononc. et Orth. : [inatɑ
̃sjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. a) 1662 « manque d'attention » ([Lemaistre de Sacy] De l'Imitation de Jésus-Christ, l. IV, chap. 1, p. 339 : l'inattention et l'indifference); b) 1740 « faute commise par manque d'attention » (Mably, Parallèles des Romains et des François, t. 1, p. 132); 2. 1738 « manque d'égard » (Crébillon fils, Égarements, 3epart., p. 127). Dér. de attention*; préf. in-1*. Fréq. abs. littér. : 118.