a) Jeune personne pubère du sexe féminin, qui n'est pas mariée. Une demoiselle charmante; une belle, jeune demoiselle; devenir demoiselle. Synon. jeune fille.Des demoiselles qui ressemblaient à des jeunes gens, et des jeunes gens qui ressemblaient à des demoiselles (Balzac, Gobseck,1830, p. 416).Le beau sous-maître galant et barytonneur qui flirte avec les demoiselles du brevet (Colette, Cl. école,1900, p. 102).Son visage était d'une demoiselle, bien que ses cheveux fussent gris (Maurois, Ariel,1923, p. 150):3. En parlant de sa future, il [le fat de province] ne sait s'il doit dire : « C'est une fort jolie fille, ou c'est une jolie demoiselle, ou c'est une jeune personne fort jolie ».
Stendhal, Racine et Shakspeare,Paris, Champion, t. 2, 1842, p. 250.
♦ Avoir une taille, des mains, une peau, un teint de demoiselle. Il enflait sa petite voix de la façon la plus comique, et disait, en montrant ses poings de demoiselle, qu'Hadgi-Stavros aurait affaire à lui (About, Roi mont.,1857, p. 279).
♦ Vx. Temps de demoiselle. Et l'on est parti joyeusement sous un ciel d'un bleu tendre traversé de quelques petits nuages, par un temps de demoiselle, comme on dit (Coppée, Prose,t. 2, Critique en vac., 1892, p. 322).
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En emploi adj. Féminin, efféminé. La pensée de le savoir [Frédéric] mort, lui si délicat, si blanc, plus demoiselle qu'elle [Naïs] lui était insupportable (Zola, N. Micoulin,1884, p. 53).Rem. Demoiselle remplaçait souvent, au xixes. et dans une lang. soutenue, fille ou jeune fille, termes que l'on considérait comme fam. ou vulg. Selon Rob. ,,demoiselle ne s'emploie plus guère que par politesse en leur présence (...) ou par ironie, en leur présence ou non``.
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Vieilli. [P. oppos. à l'état de femme mariée] La signature que j'ai adoptée − celle de ma mère!... j'ai pris chastement son nom de demoiselle (Vallès, J. Vingtras, Bachel., 1881, p. 294).Demoiselle, elle s'appelait Juliane, (...) aujourd'hui, MmePetersen (Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 170).♦ [Suivi d'un nom propre, introduit le nom de jeune fille d'une femme mariée] Une dame Pons, née demoiselle Lempoumas (Romains, Knock,1923, II, 5, p. 12).MmeGaluchon était une demoiselle Cudenot, de l'épicerie en gros Cudenot (Aymé, Cléramb.,1950, p. 30).
b) En partic.
α) Jeune fille de la bourgeoisie, de bonne famille. Airs, façons de demoiselle; être une demoiselle; élever, habiller, traiter en demoiselle. Avoir une demoiselle visiblement demoiselle, qui, comprenant tout dans les choses d'idées, ne comprenait rien dans celles des sens (Michelet, Journal,1860, p. 578).Leur piété de demoiselles « comme il faut » (Larbaud, F. Marquez,1911, p. 117):4. Elle [Christine] a une fièvre cérébrale. (...) Vous savez qu'elle en était venue à oublier jusqu'à son orthographe. Une déchéance, un écrasement, une demoiselle ravalée à une bassesse de servante!
Zola, L'Œuvre,1886, p. 388.
♦ Faire la demoiselle. Elle serait mieux à tremper la soupe qu'à faire la demoiselle (Colette, Cl. école,1900, p. 18).
♦ Demoiselle de campagne. Jeune fille peu fortunée appartenant à la bourgeoisie rurale. « N'y a-t-il pas une fille? Ce sera quelque demoiselle de campagne? » (Stendhal, H. Brulard,t. 2, 1836, p. 299).
β) Jeune fille ou (jeune) femme vierge. Ce n'est plus une demoiselle − on dit comme ça ici pour la fille qui est fille (Giono, Solit. pitié,1932; p. 163).C'est quelque chose que rendre femme une demoiselle, eût-elle trente ans (Montherl., J. filles,1936, p. 1014).
γ) Vieilli ou pop. [Avec un adj. poss. ou un compl. désignant le père] Fille de quelqu'un. Le conservateur des Eaux et Forêts accompagné de ses trois demoiselles (Zola, E. Rougon,1876, p. 255).Des mères avec leur demoiselle (Romains, Copains,1913, p. 229).Elle regardait de loin les demoiselles Rabier (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 13).